Pas facile d'être fonctionnaires à la Direction générale de la mobilité (DGM). Hier après-midi, en la salle des chevaliers du château de Compesières, ils ont dû répondre à une bonne douzaine d'habitants de La Croix-de-Rozon venus réclamer davantage de sécurité sur les routes d'Annecy et du Pont-de-la-Fin, où circulent quelque douze mille véhicules par jour, une croissance annuelle à deux chiffres a précisé le maire Alain Waldder qui a présidé la réunion.
Un enfant accompagné de son père renversé sur un passage piéton, heureusement sans gravité, des lettres nombreuses (trop peut-être) restées sans réponse convaincante, la colère devant l'inaction des autorités allait-elle déboucher, comme à Soral, sur quelques actions spectaculaires. Prévoyante la Mairie de Bardonnex a su habilement circonscrire la révolte populaire.La délégation des habitants est repartie après deux heures d'une discussion animée à moitié satisfaite. Elle a eu le sentiment d'avoir été écoutée et peut-être même entendue par Gilberto Tartaglia et deux autres collaborateurs de la DGM. Quant aux actes, ils ne sont à proprement parler pas dans les pouvoirs de la délégation dépêchée à Compesières par M. Cramer. Pour cela, il faut encore saisir d'autres services: la police, le Département des infrastructures, le BPA, les TPG, les douanes, etc.
Il y a un peu plus de vingt ans, M. Grobet s'était déplacé en personne, alors que les parents d'élèves de l'époque réclamaient une piste cyclable le long de la route des Hospitaliers. Autres temps autres moeurs. Il va donc falloir être patients et ne pas relâcher la pression sur des fonctionnaires rodés à la langue de bois. Au point que la maire dut les remettre sur les droits chemins, stupéfait de leurs déclarations liminaires montrant qu'ils ne s'étaient même pas rendus sur place (à l'exception du préposé aux enquêtes de circulation).
Radar. Gilberto Tartaglia a promis qu'il écrirait à l'autorité compétente pour installer un radar mobile sur la route d'Annecy dans les meilleurs délais.
Priorité de la route du Prieur. Le haut fonctionnaire a également promis qu'il mettrait à l'étude la proposition de la Mairie de modifier l'ordre de priorité entre la route du Prieur au débouché du village de Landecy et la route d'Annecy. Mais il n'a pas caché qu'il ne croyait pas à cette solution, dont la mise en oeuvre est "limite légale", car on n'a jamais vu une route communale prendre la priorité sur une route cantonale, certes secondaire, mais néanmoins internationale. En outre, le faible trafic en provenance de Landecy aura tôt fait de convaincre les pendulaires de couler le céder le passage sans même ralentir.
Seuils de ralentissement. Gilberto Tartaglia va "mettre en branle" le Département et surtout requérir la bourse du Département des infrastructures pour étudier d'autres mesures pérennes de ralentissement du trafic. Son expérience lui enseigne cependant qu'il serait bien que la commune produise une pré-étude. Le Maire tique et brandit l'étude déposée en octobre 2007 par les communes frontalières de Genève sud qui a coûté cent mille francs et n'a abouti pour l'heure qu'à enfoncer la porte ouverte de la troisième voie à la douane autoroutière de Bardonnex. Le ton monte un peu. On se calme. Chacun précise son propos. Et la commune fera faire ledit diagnostic préalable, quand elle aura reçu le cahier des charges de la DGM...
30 km/h. Dans une lettre récemment reçue par la Mairie et lue par Georges Vuillod, adjoint aux routes, la DGM évoque la possibilité d'introduire le 30 km/h sur la route d'Annecy et la route du Pont-de-la-Fin. Le Maire s'en est réjoui, comme les habitants. Grimace des fonctionnaires. Ont-ils été trop audacieux? Gilberto Tartaglia doute que les fonctionnaires fédéraux qui ont leur mot à dire sur les routes cantonales ne vont pas accepter une telle réduction de vitesse d'autant que la route d'Annecy n'est pas construite des deux côtés et n'a donc pas un caractère de rue villageoise.
Feux rouges. Une longue explication a été dispensée à propos des feux rouges, de leurs opportunités et de leur utilité. On a appris que le Département avait décidé de supprimer les feux rouges de ralentissement, car les automobilistes avaient compris qu'en roulant vite on passait au vert... En revanche, l'opportunité d'installer un feu rouge intelligent devant l'école de Compesières évoquée par le délégué de l'APEBAR a reçu un accueil bienveillant.
"Pots de fleurs d'Arare". A la surprise générale, Gilberto Tartaglia a qualifié cet aménagement d'exemplaire, mais néanmoins à la limite de ce que l'on peut faire légalement. C'est un cas particulier qui n'est pas envisageable à La Croix-de-Rozon en raison du statut cantonal des voiries. A propos d'Arare voir ici
Réduire le flux des frontaliers. Les hauts fonctionnaires ont expliqué que la loi fédérale s'agissant de routes certes "secondaires, mais néanmoins internationales" limitait les mesures d'entrave à la circulation. "Ce qui n'a pas empêché le département, a fait remarquer un habitant, de réaliser deux passages-piétons avec terre-plein central au niveau de l'ancienne usine Vifor, alors que le caractère urbain de ce secteur n'est pas évident."
Le maire Alain Walder a cette fois brandi, mais toujours en vain, la Charte intercommunale, signée le 5 novembre 2007 par tous les maires des communes frontalières de Chancy à Hermance [cliquez sur le lien pour voir la Charte]. Ce document de deux pages récapitule les demandes officielles des autorités en matière de circulation. Cette Charte n'a, à ce jour, pas reçu de réponse, ni même d'un accusé de réception du Département.
Gilberto Tartaglia n'a pas répondu. L'affaire est politique et l'on sait que le ministre vert du Territoire ne veut pas entendre parler de nouvelles routes dans la campagne. Et pourtant c'est bien cette solution, proposée en 1995 déjà par la Mairie de Bardonnex et désormais soutenue par toutes les communes de Genève Sud, qui permettrait de réduire sérieusement le trafic à la Croix-de-Rozon et par voie de conséquence dans les autres villages et quartiers avoisinants. Cette solution s'imposera d'autant plus, si l'Etat réalise la première section de la fameuse voie interquartier, dite Voie Cottier, entre le chemin de la Milice à Plan-les-Ouates et la route d'Annecy au niveau des tennis de Drize.
Si le soussigné responsable des blogs de la Tribune signe ce billet avec tant de détails, c'est qu'il habite Croix-de-Rozon et a participé à la séance. Un rêve pour un journaliste que d'être aux premières loges. Mais un danger aussi de perdre son impartialité. Chacun jugera. J'ajoute donc un dernier grain de sel et en guise de conclusion un récapitualtif des actions à entreprendre pour augmenter la quiétude des habitants de Genève Sud [cliquez sur le lien et sur l'image pour voir le plan des actions]
A court terme:
- Augmenter les contrôles radar
- Construire des seuils de ralentissement conséquents et colorés aux endroits indiqués sur la carte ci-dessous.
- Introduire le 30 km/h
- Installer un panneau avancé au niveau du carrefour de Rozon pour signaler les heures de fermeture de la douane de Landecy
- Changer l'ordre de priorité entre la route du Prieur et la route de Landecy et entre le chemin d'Archamps et la route du Pont-de-la-Fin
A moyen terme
- Créer une nouvelle route entre la douane de Pierre-Grand et la route d'Annecy au niveau du hameau d'Humilly
- Déclasser les douantes de Landecy, de Crois-de-Rozon et de Bossey
- Déclasser les routes d'Annecy, du village à la frontière, et la route du Pont-de-la-Fin en routes communales
- Etendre le réseau des TPG en France voisine (avec parkings d'échange)
- Améliorer l'accès à l'autoroute au niveau du Business Park d'Archamps
Prochaines étapes
- Les communes de Genève Sud se retrouvent ce mercredi 4 septembre
- Le Groupement des commune frontalières se réunit le 25 septembre
- Prochain rendez-vous avec le service du Génie civil à la fin du diagnostic de la commune.
Jean-François Mabut
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